Achraf Iraqi Partner – Aston Associates
JobMédiaire : Parlez-nous de votre métier ?
Achraf Iraqi : Notre métier, le Conseil en recrutement ou plus précisément en recrutement externe consiste en l’ensemble des actions et processus à mettre en œuvre afin d’identifier un profil adéquat par rapport à un besoin donné, exprimé par une entreprise ou toute autre structure professionnelle.
Pour faire un peu d’histoire, ce métier a démarré à partir de la seconde moitié du 20ième siècle et a surtout décollé pendant les « trente glorieuses » dans un contexte où les entreprises avaient besoin de recruter dans un premier temps en masse et ont recherché par la suite des profils spécifiques pour accompagner leur développement.
De nos jours, ce métier est devenu universel et les cabinets de Conseil en Recrutement sont considérés comme des partenaires clés, dès lors qu’une entreprise souhaite externaliser la recherche d’un profil à recruter dans son organisation.
JM : Rapprochez-nous de votre cabinet. Comment vous positionnez-vous au sein du marché ?
A. Iraqi : L’activité de notre cabinet a démarré en 2008. Mon associé Mehdi Loudiyi qui a toujours exercé au sein de cabinets de recrutement de renom, et moi-même ayant travaillé de longues années pour un cabinet de conseil en stratégie et organisation, avons souhaité qu’Aston Associates porte dès son démarrage le sceau de la complémentarité entre deux pôles d’expertise : le conseil et le recrutement.
Concrètement, notre positionnement s’articule aujourd’hui autour de 4 Business Units :
- – Executive Search
- – Recrutement de cadres et jeunes profils à fort potentiel
- – Conseil RH et évaluation à travers différents outils
- – Mise à disposition d’experts et de Consultants indépendants dans le cadre de missions stratégiques de nos clients
Notre équipe constituée d’une dizaine de consultants est organisée à la fois par métiers et par zone géographique.
Depuis notre démarrage, plus de 150 entreprises au Maroc, parmi lesquelles les principaux institutionnels du pays ainsi que les multinationales nous ont fait confiance.
Ces 5 dernières années, nous avons également opéré dans une vingtaine de pays à l’étranger, en particulier en Afrique subsaharienne, où nous avons accompagné un grand nombre de nos clients dans le cadre de leur développement.
JM : Qu’attendent de vous les recruteurs ? Les candidats ?
A. Iraqi : Notre métier s’articule autour du conseil et l’accompagnement à travers la construction d’une relation de proximité qu’on instaure dans la durée avec nos clients et candidats.
Le recruteur est à la recherche d’un partenaire qui va comprendre son besoin, sa culture d’entreprise et qui va définir avec lui d’une manière claire la meilleure approche à adopter. En s’imprégnant de la culture d’entreprise et des problématiques qui diffèrent d’un contexte à l’autre, nous élaborons une analyse détaillée du besoin qui nous permettra d’identifier les méthodes d’évaluation à mettre en place pour pouvoir recruter le meilleur profil répondant au besoin spécifique de chaque entreprise.
Les attentes peuvent se résumer en quelques mots : conseil, accompagnement, compréhension, efficacité, respect des délais, bon recrutement et suivi post intégration!
Le candidat, in fine va attendre de nous de l’accompagner dans le cadre de sa volonté de mobilité. Cela passe bien entendu par la mise en relation avec des structures qui répondent à ses ambitions mais aussi par le fait de le conseiller au sens large.
Très souvent, les candidats nous posent des questions concrètes. Comment attirer l’attention d’un recruteur avec mon CV ? Quels postes pourraient me convenir ? Quelles sont les sociétés qui ont le vent en poupe actuellement ? Comment devrais-je aborder la question de mes prétentions salariales ?
Au-delà de notre mission qui est de répondre au besoin d’une entreprise en lui proposant différents profils pour un poste donné, nous avons également un important rôle de conseil et d’information.
JM : Comment voyez-vous l’évolution du secteur au Maroc dans les années à venir ?
A. Iraqi : L’économie marocaine vit actuellement des mutations profondes qui ont un impact direct sur la vie des entreprises. La mise à niveau, qui a démarré il y a quelques années, va sans doute se poursuivre, et cela se fera forcément par un fort investissement dans le capital humain.
Dans cette perspective, le métier de conseil en recrutement ne peut que continuer à croître mais le challenge le plus important est que cela se fasse dans des conditions optimales pour répondre à la fois aux exigences des entreprises et aux attentes des candidats.
Le fait d’avoir aujourd’hui aussi peu de barrières à l’entrée pour exercer ce métier, peut conduire à la multiplication des acteurs qui peuvent parfois nuire à l’image du secteur, si leurs pratiques ne correspondent pas aux standards requis. C’est pour cela que nous travaillons par exemple dans le cadre l’Association Marocaine du Conseil en Recrutement (AMCR) sur l’instauration d’un corpus de règles claires auxquelles doivent répondre tous les cabinets membres. C’est le seul moyen, je pense, pour qu’une sélection se fasse par le marché pour retenir les cabinets sérieux et experts dans leurs domaines d’activité.
JM : Qu’est-ce qui forge votre première impression sur un candidat ?
A. Iraqi : Sa manière de se présenter, son élocution, la clarté dans ses idées, son esprit de synthèse, et sa capacité de restitution.
JM : Quelle est l’erreur la plus récurrente que vous relevez en entretien d’embauche ?
A. Iraqi : Cela peut paraître évident mais beaucoup de candidats ne préparent pas suffisamment leurs entretiens. L’un de mes clients me disait récemment qu’il lui arrive régulièrement de recevoir des candidats qui commencent l’entretien en lui demandant « quelle est la nature exacte de votre activité ? ». Il faut aller à un entretien avec un minimum de connaissance sur l’entreprise, ses chiffres clés, ses objectifs, ses attentes par rapport au poste…etc.
Après, il y a d’autres erreurs à éviter, comme le fait de parler du package salarial de manière prématurée ou focaliser l’entretien sur ses résultats passés sans rentrer dans le vif du sujet. Il faut en effet se rappeler en permanence que le souci de l’employeur lors d’un entretien est de s’assurer que vous êtes » the right person for the job » et non pas juste d’apprécier la qualité de votre parcours académique ou professionnel.
JM : Si vous aviez un conseil aux jeunes candidats … ?
A. Iraqi : Je leur dirais d’aborder cette première expérience professionnelle comme une sorte de 3ième cycle où il est question de consolider les acquis et surtout de se familiariser avec un environnement très différent de celui de leurs études.
De ce fait, je leur dirais de privilégier un environnement qui va les faire progresser et leur donner l’envie de performer, la première expérience étant souvent déterminante. On se souvient tous de nos premiers pas dans le monde du travail…
Enfin, il y a une erreur à éviter, et qui est pourtant régulièrement commise par les jeunes diplômés, celle de la question de la rémunération. C’est bien entendu un sujet important mais ce n’est, à mon sens, pas l’objectif premier que l’on doit se donner au moment de démarrer sa vie professionnelle. Souvenez-vous, c’est une sorte de 3ième cycle rémunéré!