Mohamed Said Ameziane El Hassani Directeur des Ressources Humaines BAYER
JobMédiaire : Comment décrivez-vous la fonction RH et son évolution au Maroc ?
Said Ameziane : Au Maroc, les pratiques et l’évolution de la fonction RH diffèrent d’une organisation à une autre. Cela dépend de la culture globale du groupe, du secteur d’activité, des métiers représentés, de sa taille, et du marché sur lequel elle opère… Néanmoins, nous pouvons tous nous accorder sur le fait que la fonction RH au Maroc a connu des transformations assez importantes et ce en un laps de temps assez court ! Le rôle de la RH est aujourd’hui défini comme un « Business Partner », d’ailleurs, nous avons de plus en plus cette dénomination dans les entreprises Marocaines et les annonces d’emploi… ce qui nous amène, nous, fonction RH, au cœur de l’action, du business, de la stratégie et de la vision des entreprises au sein desquelles nous évoluons. Les Directeurs de Ressources Humaines siègent aujourd’hui au sein des Comités de Directions, et leurs actions sont tout aussi vitales, que celles des autres Directions.
JM : Parlez-nous des avancées notamment technologiques qu’a pu connaitre la fonction RH au Maroc?
S.Ameziane : La fonction a en effet connu de très importantes avancées technologiques. Nous sommes aujourd’hui équipés de systèmes d’information spécialisés, d’outils, de logiciels et autres qui nous permettent d’accompagner nos organisations et nos équipes et ce au quotidien.
Les Ressources Humaines sont aujourd’hui très associées à la dimension « électronique ». En fait, qu’il s’agisse d’effet de mode ou non, les évolutions technologiques font souvent figure de nouvel eldorado de l’innovation en matière de RH. Certes, les tendances des entreprise, au travers du déploiement des Smartphones, tablettes, réseaux sociaux, ou autre accès instantané à l’information…, font évoluer les pratiques et impactent aujourd’hui progressivement et indéniablement les dimensions RH, tels que le recrutement ou la formation. Elles portent également des approches de type « Marque Employeur » et « Responsabilité Sociale d’Entreprise ».
Mais il faut juste noter aussi qu’il n’est nullement besoin de commencer par la case « Technologie » pour innover en matière de Ressources Humaines. Sans compter, qu’il est même contre-productif de chercher à innover pour innover, en s’appuyant notamment sur la « dernière tendance technologique », sans déterminer préalablement la véritable valeur apportée à ses parties prenantes.
JM : Force est de constater le rôle, aujourd’hui essentiel, des medias sociaux et des Job-Boards dans le processus de recrutement des entreprises. Comment exploitez-vous, entant que DRH, ces canaux digitaux ?
S.Ameziane : Depuis quelques années, les responsables RH ont commencé à introduire les medias sociaux et Job-Boards dans leur stratégie d’attraction, de recrutement et de communication externe auprès des candidats potentiels. Compte tenu du nombre des jeunes actifs utilisant ces canaux, il est facile de cibler la plus large population possible des talents sans avoir à faire une recherche autrement. De plus, les medias sociaux permettent de procéder à une première sélection des candidats, de se renseigner sur eux et donc de gagner du temps en entretien. Ces outils se posent ainsi comme des outils pertinents, d’autant qu’ils fournissent des informations à jour, aisément vérifiables. Les recruteurs peuvent utiliser les plateformes qui balaient l’ensemble des réseaux et permettent de trouver le bon candidat. A noter que l’utilisation de ces réseaux comme moyen de recrutement ne se limite pas à la fonction cadre puisque toutes les professions sont concernées aujourd’hui par ces outils électroniques.
En bref, ces outils restent un excellent vivier pour la recherche de jeunes talents.
JM : Quelles sont les ambitions de vos plans de recrutement ?
S.Ameziane : Nous avons des valeurs très fortes au sein du Groupe Bayer que nous avons développé à travers 150 ans d’existence, et par conséquent, des ambitions et critères très pointues dans le processus de recrutement. Les candidats que nous recrutons, au-delà de leur savoir-faire technique et de leur expertise, doivent répondre à ce système de valeurs et le vivre au quotidien. Au sein de Bayer, le recrutement n’est pas seulement l’affaire des Ressources Humaines, chaque département participe activement à ce processus, la décision pour un recrutement est prise conjointement. Sachant que quand cela est possible, nous favorisons en premier lieu les mouvements en internes. Nous avons la chance d’évoluer dans une organisation multidisciplinaire avec différents métiers, produits et marchés dans une seule entreprise ! Nous sommes partisans de ce que nous appelons le « Cross fertilization ». Les mouvements entre les différents Business sont favorisés et souvent réussis !
JM : Parlez nous de votre politique d’investissements en matière de formation?
S. Ameziane : La formation est un élément primordiale dans la stratégie de notre entreprise,. Elle est placée sous la responsabilité des managers et de la Direction des Ressources Humaines. C’est un « investissement » essentiel au fonctionnement actuel et futur de la société. Elle contribue significativement à l’amélioration de la rentabilité, à l’enrichissement des responsabilités et au développement des collaborateurs notamment en créant, dans l’exercice quotidien du travail, des situations formatives.
Chez Bayer, nous encourageons nos employés à atteindre leur plein potentiel grâce à la formation continue et à une gestion de carrière efficace. Nous offrons une variété de programmes internes comprenant des outils et des ressources en ligne variés. Nous proposons également des programmes externes de formation et de leadership personnalisés, locaux et internationaux, de groupe et individuels, en fonction des besoins en perfectionnement. Sans oublier de noter que le groupe dispose d’une académie interne pour la formation de ces collaborateurs.
JM : Si vous aviez un conseil aux jeunes candidats…
S. Ameziane : La première chose pour moi, c’est de s’équiper de l’enthousiasme, de la motivation et de l’envie d’évoluer, surtout chez un jeune à qui on ne peut pas demander d’avoir toutes les compétences professionnelles. Je crois beaucoup à la notion de FUN (plaisir) : on ne peut pas faire bien quelque chose, si on n’y prend pas plaisir. C’est ce qu’on cherche à valider avec nos candidats. Un recruteur est aussi attentif à la curiosité, à l’ouverture, aux valeurs et éthique surtout pour travailler dans une multinationale avec des normes qualitatives et humaines très importantes.
Un jeune candidat doit également montrer son engagement, sa curiosité d’apprendre et de découvrir des nouvelles choses et ce depuis l’entretien d’embauche, car c’est dès ce moment que sa carrière démarre…